“Empli de la puissance du sens de la plénitude du rejet, du retrait le serpent raide traversé de sons étendu, vertical simultanément dehors et dedans aux quatre points cardinaux retiré en l’infini pourtant Universel soi en tous points reconjugué.. ” – Henri Michaux
Alors que la douceur de l’air préfigure déjà le joli moi de mai et que l’on se surprend à contempler avec un sentiment de bouleversante complétude l’émouvante beauté, l’impétuosité et la joie de vivre du végétal et de l’animal, m’est revenu en tête des bribes de poèmes d’Henri Michaux, poète de nos « lointains intérieurs ».
En voici un qui résonne vers la complétude..
On reçoit,
On reçoit,
On a l’enchantement de recevoir De secrètement sans fin,
L’impalpable recevoir,
Un autre monde m’accepte,
M’agrée,
M’absorbe,
M’absout,
Armistices des passions,
Des bancs de clarté souterrainement,
L’émanation d’exister l’agrandissement d’exister,
Le promontoire,
L’impétuosité d’exister,
Je suis à l’arrivée de la plénitude,
L’instant est plus que l’être,
L’être est plus que les êtres,
Et tous les êtres sont infinis,
J’assiste à l’invasion que est une évasion,
Temps mobile à plusieurs étages, ascendants, panoramiques,
Un invisible véhicule m’emporte,
Résonnance,
Résonnance de toutes parts,
Présences,
J’entends des mots qui prophétisent,
A haute voix,
Parcours,
Parcours sur un fil,
La lenteur de la conscience lutte contre la vitesse d’inconscience,
Démis des sens Pris par l’essence,
Une conscience en cercle sur ma conscience se pose, se superpose,
J’existe en double,
Entre les lignes de l’univers,
Un microbe est pris,
Éboulements,
Eboulements indéterminés,
Visionnaire par extension par limpidité par surcroît,
Les mots relus dans les flammes et la relégation s’étendent,
S’étendent,
Vastes, sacrés, solennels en lumières violentes en bourgeonnements,
Infini,
Infini qui n’intimide plus,
Je lis,
Je vois,
Je parcours l’évangile des cieux ouverts,
Lumière,
Je viens,
J’habite la lumière,
Souleveuses impuissances,
Accès à tout à s’y méprendre,
Miséricorde par ondulations,
Miracles dans un miracle,
Ondes me propagent indéfiniment me prolongent,
Mosaïques,
Du plus petit,
Du plus en plus petit,
Du plus humble,
Du plus subdivisé,
Colloïde,
Des moments crient,
Trompettes assurément longues,
L’édifice plie,
J’avais des jambes autrefois,
La mais aussi se détache,
Des mots interviennent pour me traverser,
Je saute d’une clairvoyance,
Dans une autre clairvoyance,
Tremblement au-dedans des éléments,
Mon cœur voudrait prendre le large,
L’or de l’ininterruption s’amasse,
Afflux, afflux des unifiants, affluence,
L’Un enfin en foule resté seul, incluant l’Un,
Rédemption,
Le monde entre en vibration avec le sentiment de l’Indicible,
Le solide, le dur, le construit est troublé par le léger, l’impalpable,
L’Impérissable déplace, dément le mortel
Le Sublime éponge, dévaste le commun le Sublime hors du sanctuaire,
Oscillant dans l’immense l’écho où réside l’être, au delà de l’être,
Calme,
Recherche une comparaison fouille pour moi,
J’avance,
Pour la continuation,
Pour la perpétuation,
Des portes font le guet,
De forts rideaux de pression,
Progression d’abandons,
A nouveau la cohérence se desserre,
Circonstanciel devient centre,
A contretemps un trou noir.. la poitrine se détache,
De beaucoup à nouveau me déleste,
Un son vient de l’ombre,
Aussitôt forme une sphère une grange, un groupe,
Une armada, un univers d’Univers dégrisé totalement dégrisé de l’habituel contredit contredisant contradictoire lié délié, étouffé éclatant, proclamé oblitéré, en brèche nulle part, unique cent mille, perdu partout,
Je ne lutte plus je m’amalgame,
L’infini est une région,
S’y diriger,
Cela en quoi le mal se manifeste,
Cela en quoi le bien se manifeste..
D’un coup,
Un voile fait de milliers de voiles de l’opacité, de l’opposition des créatures est écarté,
Bivouac en plein ciel,
Plus de demain,
Plus de missions,
Je n’ai pas d’origine,
Je ne me rappelle plus mes épaules
Où est le dispositif du vouloir ?
Rien,
Seulement Rien,
« Rien » s’élève du naufrage,
Plus grand qu’un temple,
Plus pur qu’un dieu,
« Rien » suffit,
Frappant le reste d’insignifiance pacifiante,
Insignifiance,
Bénédiction pour le « Rien »,
Pour l’éternité,
« Rien » réjouissant le cœur, distribué à tous,
Par-dessus,
Effaçant tout Unité,
Totalement,
Tous les êtres,
Le règne de l’existence commun à tous,
Magnifique !
La grande flaque de l’intelligence étendue sur le monde, inerte, apaisée, sans compétition sans griffes, sans ambition, embrassant embrassé,
Perdus les outils,
Retrouvé la semence,
Le comble,
Le comble m’appelle,
Seulement le comble,
Universels bras qui tiennent tout enlacé;
Univers donné,
Donné par dépouillement,
Ablation,
Oblation,
Instruit invisiblement,
Un lieu est donné,
Quand tous les lieux sont retirés,
A personne,
Pour nulle chose,
On ne pourrait plus porter envie,
Tourbillons endormis le joyau reste,
Saisie, dessaisie,
Envahissante,
Bousculante,
Félicité qui veut toute la place,
Elémentaire éliminatrice,
Fini le parcours des prétextes,
La flèche part dès qu’il y a oubli,
Le privilège de vivre inouï, dilaté, vacant, suspendu dans le temps,
L’Arbre de la Science,
Omniscience en toutes les consciences percevant le perpétuel..
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